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poésie lubrifiante - Page 6

  • confuse aimant

    1heart-burns.jpg
    Une main dans la bouche et l’autre au fond du ventre
    la folie délogée d’où l’usage la rentre
    et l’entasse pêle-mêle avec tout (le dégoût,
    les odeurs en suspens, les aiguillons, les flous)
    de l’abandon des rêves,
    lui ravive la sève et la met à genoux
    - l’isolée du regard

    Son histoire est un puits trop sombre pour l’instant ;
    le magma qui l’emplit remonte lentement
    des parois émaillées les fresques narratives,
    absorbe – rigoureuse et vorace salive,
    un jardin… ce visage…
    le geste… et cet hommage aux pompeuses cursives
    qui prête à confusion

    « Ah, non !… Ah, c’est un monde ! Ah bonheur, où es-tu ? »
    s’exclame l’Isolée, hurlant à corps perdu
    « Ah, te voilà !… non, reste… attends encore un peu ! »
    Elle est folle à coup sûr ; la lave dans les yeux
    lui mange les paupières
    s’en réchappent des pleurs de sang libidineux
    jusqu’aux plis de son cou

    Ce puits, c’est un volcan ! Il éructe sa rage
    et jaillit maintenant l’incandescent ravage
    en vrille rougeoyante au feu libérateur
    essaimant alentour ces puissantes ardeurs
    que son être mitraille
    quand l’Isolée défaille et cède à son désir
    de jouir à nouveau.

     

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Impromptu Littéraire - tiki#73

  • Avide tempête

    Turner.jpg

    Et puis, de l'intérieur, tempête !
    Le regard sous la paume assure mon allure
    - s'il est des aventures à terre,
      même sous les ramures,
      j'aimerai toujours mieux celles vécues en mer
        la baume au cœur s'agite
        vite aller prendre de la gite
        et barrer ce barré plus au près
        Profitant qu'il s'emballe
        bombe le torse, voile !
        Le marin dans les reins par le travers
        Flottaison, l'horizon pris entre les paupières
     
    Le regard sous la paume où la rive rembarde
    un sable qui musarde et l'embrun qui embaume;
    son haleine fantôme étourdit  le crachin
    déliant le matin, moutarde son arôme
    et détrempe mon pain tandis que je m'attarde
     
    Je songe à tes doigts frais sur mon ventre
      attends que je te rentre
      ai le bout au taquet
      et de la bave au rêve
      vent debout sur la grève
    je sais comme tu es, ma sève
     
    Ah, c'est folie que céder à ce songe !
    (mais c'est bon de folir
    d'écoper à l'éponge son petit navire)
     
    Sous la paume m'arrive en plein dans le regard
    de l'ordre et du chaos la lutte intempestive;
    j'en raffute le grain chahutant ma dérive
    - déjà  que je salive à l'idée du festin !
     
    Raffut... rafiot... Rahane !
    À trois coups allongés, tout le mond' sur le pont !
    Mon navire est paré, je reprends la campagne
    et tire des bordées en raillant l'horizon
    et rha et rhan, et hon !

     

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : William Turner, Tempête en mer.

  • vit de chien

    Mon chien promène
      de vide en vide
      sa queue humide
      sous son ventru

    Il a lancé un mot en l'air
    en a fait tomber une femme
    (je n'en fais pas un drame
    tout juste quelques vers)
    Voilà tout le mystère
    que lui envie mon âme

    Laisse en main, oui,
    mais - Tu m'entendes !
    si c'est lui qui commande
    autant boire le vin
    que répandent les seins
    de Gorgones en sarabande

    Règne canin
    va, suis le train
      de tes folles histoires
      aux plaisirs exutoires
    et souffre que j'aille le mien

    Car s'il est dit que j'ai du chien
    c'est pour la signature
    par quoi je clos mes aventures

    nik-ta-reum.gif
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • épicerie

    calendules.jpgadoucis mon ennui
    jolie fleur de souci
    que mon rire jauni s'en dégrise

    je mâche tes fleurons
    mais garde, lumignons
    tes boutons d'or à la chemise

    ses griffes indomptées
    viendront les dégraffer
    aussi sauvagement je l'espère

    que bientôt dans la chambre
    aux vapeurs de gingembre
    l'emporte la sienne atmosphère

    échappée de l'aisselle
    l'armoise citronnelle
    m'appellera tout contre son sein

    pour que d'autres rapines
    dansant la capucine
    s'éveillent au creux de nos mains

    viendras-tu jolie môme
    troubler de cardamome
    ma longue marinade ?

    ma pauvre calendule
    observe la pendule
    et craint pour ses pétales

    quand tout mon gris sourire
    finira de jaunir
    je serai bien malade

    que je n'aie de nouveau
    saisi, coquelicot
    ta bouche cardinale

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un défi du samedi épicé

  • mignautomne

    Que vas-tu t'effeuiller,
    oh, mignonne, mignonne !
    aux marches de l'automne
    le ventre dénudé ?

    Aux marches tapissées
    par les feuilles d'automne
    ne passe plus personne...
    Qui veux-tu donc charmer ?

    Ton ventre déraisonne
    - il brûle un feu d'été
    qui gagne, qui friponne
    ta jupe à son ourlet

    Ta hanche polissonne
    et quittant son bonnet
    ton sein rond s'abandonne
    au baiser du vent frais

    Mignonnette d'automne
    au grain de peau clairet
    dans l'ombre qui talonne...
    Mignonne qu'as-tu fait

    de la coupe garçonne
    que je te connaissais
    où désormais moutonnent
    les plis de ton connet ?

    Fantôme, je frissonne
    - hélas, je n'y peux mais !

    car, si tu m'as, naguère
    un tant soit peu aimé
    j'appartiens à l'hiver passé
    à présent que tu m'as assassiné

    Lil_automne.jpg

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration, d'après
    Lilou Libertine.